
Qu’il semble loin le temps où l’annonce de la création du statut d’autoentrepreneur suscitait l’engouement. Nous étions en 2008. Hervé Novelli, secrétaire d’Etat à l’origine de la réforme, souhaitait simplifier la création d’entreprise (démarches, normes, obligations, etc.).
L’effet « autoentrepreneur »
Treize ans plus tard, ce statut fait toujours autant recette. Il suffit de consulter les chiffres de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) pour s’en convaincre. En bleu, sur le tableau ci-dessous, les entreprises créées sous le statut d’autoentrepreneur (désigné depuis janvier 2016 sous l’appellation « microentrepreneur »).

Interviewé en 2019 par Le Parisien, Hervé Novelli affirmait que « cette réforme était en phase avec l’époque », car « elle répondait à une revendication sourde de la société française à maîtriser sa vie, à devenir entrepreneur sans risque ».
Constat partagé, à un détail près s’agissant des musulmans, s’agissant plus précisément des femmes musulmanes portant un voile : interdites d’accès au marché du travail à cause de leur hijab, de nombreuses femmes, diplômées ou non, ont décidé de lancer leur propre activité, faute de pouvoir prétendre au salariat.
Sur Internet, cela s’est traduit par le lancement de plusieurs centaines (milliers ?) de boutiques en ligne.
Beaucoup d’abonnés sur les réseaux sociaux…
Le statut d’autoentrepreneur a pleinement rempli son rôle : rassurer des femmes et des hommes tentés par l’expérience entrepreneuriale et leur permettre de se lancer dans l’aventure.
Sans accès au crédit bancaire – interdit en islam car il s’agit d’emprunter avec intérêts (riba) — ni expérience dans l’entrepreneuriat et encore moins dans l’e-commerce, des novices sont aujourd’hui des entrepreneurs du Net confirmés.
D’autres peinent toujours à appliquer les bonnes pratiques en matière de e-commerce : ergonomie de la boutique défaillante, fiches produits bâclées ou inexistantes, photos de piètre qualité, pas de stratégie de communication commerciale (communiqués de presse, réseaux sociaux, publicité, blog…), etc. Résultat, peu ou pas de ventes et l’obligation de mettre la clé sous la porte, faute de s’être un minimum formé préalablement.
A contrario, celles et ceux qui ont su s’approprier un tant soit peu les codes et les exigences propres au business sur Internet ont réussi peu ou prou à tirer leur épingle du jeu. Ces entrepreneurs se distinguent sur les réseaux sociaux par leur nombre d’abonnés, à l’instar des neufs e-commerces ci-dessous qui tous rassemblent chacun plus de 100 000 abonnés.
Nous avons établi cette liste à partir de notre veille sur Instagram. N’hésitez pas à la compléter en commentaire, si d’aventure une ou plusieurs boutiques nous ont échappé.
1- Neyssa shop : 309 000 abonnés

2- Jennah boutique : 307 000 abonnés

3- Bantik : 292 000 abonnés

4- Samsoukka : 253 000 abonnés

5- Muslimshow : 202 000 abonnés

6- Yjaab : 146 000 abonnés

7- Chic and modesty : 144 000 abonnés

8- Misstoura : 118 000 abonnés

9- Leena boutique : 107 000 abonnés

… mais un référencement négligé
Ces chiffres impressionneront certainement les entrepreneurs qui débutent, sans compter les abonnés supplémentaires que peuvent avoir en plus certaines boutiques sur d’autres réseaux sociaux, sur Facebook par exemple. Et pourtant !
Selon la plateforme Outbrain, les moteurs de recherche captent 300 % de trafic de plus que les réseaux sociaux. Or, le référencement reste encore très largement négligé par ces mêmes boutiques qui pourtant ne ménagent pas leurs efforts pour accroître et consolider présence et communauté sur notamment Instagram. Ce qui n’est pas sans danger : centrer sa stratégie Web sur les réseaux sociaux plutôt que sur sa boutique, c’est mettre ses œufs dans le panier… du voisin, avec tous les risques que cela comporte.
L’important pour une boutique en ligne, c’est d’obtenir du trafic qualifié en vue de convertir les internautes en clients, les visites en ventes. Les réseaux sociaux ont surtout vocation à développer la visibilité et la notoriété d’une boutique. Désormais certes indispensables, ils ne remplacent pour autant assurément pas un bon référencement, dont ils restent complémentaires.
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